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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

sculpteurs égyptiens ont surtout parfaitement saisi, en figurant un animal, le trait principal qui le caractérise. La suite de cet ouvrage montrera aussi qu’ils ont su varier de mille manières les attitudes des figures humaines, lorsqu’il ne s’agissait plus de sculptures sacrées.

Les règles invariables introduites dans les sculptures des temples avaient dû devenir un moyen de les multiplier et d’en accélérer l’achèvement, en permettant d’y employer un plus grand nombre de mains ; car, à moins que l’on n’imagine que le travail d’un même édifice durait plusieurs siècles, on ne peut qu’attribuer à l’existence d’une multitude d’artistes la grande quantité de sculptures qui décorent un seul monument. On conçoit en effet que les formes de tous les signes, de toutes les figures, étant déterminées depuis long-temps, on pouvait donner à chaque sculpteur une seule sorte d’objet à exécuter, et employer ainsi un grand nombre d’hommes à-la-fois. Bien plus, quand on considère que, dans un même édifice, toutes les têtes des dieux, toutes celles des déesses, ont un caractère unique ; que les animaux de même espèce se ressemblent tous parfaitement ; qu’enfin chaque classe d’objets a de même son caractère propre et constamment observé, on est conduit à penser qu’une figure n’était pas confiée à un seul sculpteur pour la commencer et la fuir en son entier, et que plusieurs artistes y travaillaient successivement : par exemple, une figure était d’abord ébauchée par celui dont c’était la fonction ; un autre arrivait ensuite et l’avançait davantage, et successivement ainsi jusqu’au dernier qui venait la finir. C’est alors que les peintres arrivaient à