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CH. I, DESCRIPTION

plus dégradées qu’eux ; un jour elles seront entièrement anéanties, et les monumens égyptiens attesteront long-temps encore l’existence et la grandeur du peuple qui les a élevés.

Ces remarques, ces rapprochemens, qui se répéteront dans la suite de cet ouvrage, trouvent déjà leur application dans l’île de Philæ, qui, dans sa petite étendue, présente en quelque sorte un échantillon de tout ce que l’Égypte renferme. Près de ces beaux monumens si bien conservés, on ne voit presque plus rien des édifices que les Grecs et les Romains y avaient bâtis, si ce n’est des vestiges méconnaissables. Au milieu de la partie nord de l’île, un pan de muraille de quatre à cinq mètres de hauteur[1] est resté seul debout. Son épaisseur est peu considérable : les pierres en sont toutes disjointes, et il ne faudrait qu’une faible secousse pour le renverser et le détruire entièrement. On voit dans sa partie supérieure une architrave et quelques portions d’une frise ornée de triglyphes. Les pierres dont cette muraille est construite ont visiblement été tirées de quelques édifices égyptiens : plusieurs d’entre elles portent des fragmens d’hiéroglyphes, et des figures, les unes tronquées, les autres renversées dans divers sens. On en voit même sur les faces extérieures des pierres, où l’on n’a pas pris la peine de les effacer ; ce que les Égyptiens ne manquaient jamais de faire, quand ils employaient d’anciens matériaux dans la construction de leurs édifices. Une pareille dispersion des emblèmes sacrés ne peut appartenir qu’à une époque où la religion

  1. Quinze pieds et demi.