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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

pour cela qu’il fût bien dégradé, qu’il menaçât de s’écrouler bientôt, ou que même il se fût en effet écroulé. Or, si les monumens que nous voyons aujourd’hui, et dont les plus modernes ont au moins deux ou trois mille ans d’antiquité, sont cependant encore si intacts, et, pour ainsi dire, si neufs, combien ne faut-il pas supposer de siècles à ceux qui tombaient en ruine lorsque l’on a construit le grand temple, le plus ancien édifice de l’île ? La seconde observation, par laquelle nous terminerons c’est que les sculptures des débris qui composent la colonne, sont aussi parfaitement exécutées que celles des monumens plus modernes ; et, autant que l’on peut en juger par un petit nombre de figures, c’est le même système de décoration, la même pureté de ciseau ce sont aussi les mêmes couleurs. Il faut donc concevoir, à l’époque où ces monumens antérieurs ont été élevés, les arts déjà parvenus au degré de perfection qu’ils n’ont guère passé depuis chez les Égyptiens ; ce qui suppose que cette nation avait été réunie et que sa civilisation avait commencé long-temps avant cette époque.

C’est ainsi que, par une suite d’inductions, que nous sommes loin de regarder comme des preuves, mais qui du moins ont l’avantage de se présenter naturellement, on est déjà conduit à concevoir chez les Égyptiens une antiquité que d’autres faits et des preuves d’un autre ordre porteront jusqu’à l’évidence.