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ET DES CATARACTES.

la vraie situation géographique de Syène, ils erraient dans un cercle vicieux, et il manquait à leurs recherches la base principale. Le vœu des savans est enfin rempli ; cette position, telle qu’elle vient d’être déterminée par les observations astronomiques de M. Nouet, est de 24° 5′ 23″ pour la latitude, et de 30° 34′ 49″ pour la longitude au méridien de Paris. Les uns (et le célèbre d’Anville est de ce nombre), suivant le sentiment de Ptolémée, supposaient Syène à environ 15′, ou près de sept lieues, plus au sud qu’elle n’est réellement ; ce qui allongeait d’autant l’étendue de l’Égypte : les autres regardaient cette ville comme directement placée sous le tropique, et diminuaient encore plus sa latitude, trompés par la tradition immémoriale du puits de Syène, et ignorant ou contestant la variation de l’écliptique : d’autres enfin ne faisaient pas attention que le phénomène de l’absorption de l’ombre n’est point borné à une ligne mathématique, mais qu’il a lieu pour toute une zone terrestre correspondante au diamètre du soleil, c’est-à-dire, de plus d’un demi-degré de largeur.

Cette dernière circonstance, qui pourtant n’était pas ignorée des anciens[1], est sans doute la cause qui a maintenu l’opinion que Syène était sous le tropique, plus de trois mille ans après que cette ville avait cessé d’y répondre, et même de nos jours. Au deuxième siècle de l’ère vulgaire, le bord septentrional du soleil atteignait encore au zénith de Syène le jour du solstice

  1. Selon Cléomède, l’espace où les ombres sont nulles quand le soleil est au zénith, a trois cents stades d’étendue ; ce qui fait 30 minutes, en prenant le stade de 600 au degré (Meteor. lib. 1).