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ET DES CATARACTES.

et à la célébrité que cette ville avait acquise, on ne saurait croire qu’un si médiocre édifice fût le seul temple qu’elle possédât. La tradition du puits de Syène suppose un observatoire, c’est-à-dire, un temple un peu étendu ; car les observateurs étaient des prêtres, et les prêtres logeaient dans les temples. J’appuierai cette conjecture par le témoignage d’un auteur arabe qui rapporte que le birbé ou temple d’Asouân était fort célèbre, et l’un des plus considérables de l’Égypte pour la grandeur des pierres et l’antiquité des sculptures[1]. Mais ces édifices, quels qu’ils fussent, ont disparu avec le puits lui-même, sous les décombres amoncelés de la ville égyptienne, de la ville romaine et de la ville arabe.

Parmi les édifices qui appartiennent à l’antiquité, je dois rappeler le fameux nilomètre dont Héliodore donne la description dans ses Éthiopiques, lorsqu’il parle des choses remarquables que l’on fit voir à Hydaspes tandis qu’il était à Syène. Je vais rapporter ici la traduction entière du passage. « On lui montra le puits qui sert à mesurer le Nil, semblable à celui de Memphis, et construit d’une pierre polie[2], sur laquelle on a gravé des lignes distantes d’une coudée. L’eau y arrivant par un canal souterrain, apprend aux naturels quel est l’accroissement ou la diminution du Nil, par le nombre des caractères que cette eau recouvre où laisse à dé-

  1. Kircher, Œdipus Ægyptiacus, t. 1, p. 39.
  2. Je n’essaie pas de traduire συννόμῳ λίθῳ, dont le sens est très-difficile à déterminer ; sens qui, suivant Casaubon, est le même que celui de quadratum saxum chez les Latins, c’est-à-dire pierre de taille : mais il est douteux qu’après avoir pris la peine de creuser un puits dans le granit, on l’ait revêtu de pierres de taille, soit de grès, soit d’une autre matière.