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CH. II, DESCRIPTION DE SYÈNE

autres, et dont plusieurs sont de grandes îles : j’en ai compté vingt le jour des plus hautes eaux[1]. C’est à cette disposition qu’on reconnaît, dans l’intervalle de Philæ à Syène, la véritable cataracte ; car, dans tout cet intervalle, le cours du Nil est également hérissé de rochers. Ce lieu se distingue encore par un rétrécissement du fleuve, qui n’a que mille à douze cents mètres[2] environ dans cet endroit, tandis qu’ailleurs il est généralement plus large, au point de prendre deux mille mètres[3] : il a même trois mille mètres devant Philæ. Pour se faire une idée d’une étendue aussi considérable, il faut se figurer une largeur qui serait dix-huit à vingt fois plus grande que celle de la Seine auprès des Tuileries, en la mesurant d’un quai à l’autre.

C’est principalement vers la rive droite du fleuve que les îles sont plus rapprochées, plus escarpées, et qu’elles opposent le plus d’entraves à la marche des eaux. J’ai compté dix barres principales dirigées d’une île à l’autre, et dans tous les sens : le Nil, arrêté contre ces obstacles, se refoule, se relève et les franchit, et il forme ainsi une suite de petites cascades dont chacune est haute d’un demi-pied ou moins. Tout cet espace est rempli de tourbillons, de gouffres et d’abîmes ; chaque canal est un torrent dont les eaux ont toute sorte de mouvemens et de directions contraires, suivant qu’elles sont rejetées par les divers écueils où elles se brisent avec violence.

Mais auprès de la rive gauche le cours est plus égal, bien que d’une très-grande rapidité : pendant les hautes

  1. Voyez pl. 30, fig. 2.
  2. Cinq à six cents toises.
  3. Environ mille toises.