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ET DES CATARACTES.

Aristide rapporte qu’en conversant avec un Éthiopien, à l’aide d’un interprète, il apprit qu’il y avait quatre ou même six mois de navigation depuis Syène jusqu’à Meroé, à cause de la grande quantité des cataractes, dont le nombre s’élevait à environ trente-six au-dessus de Pselcis. Quelqu’exagéré que soit le récit d’Aristide, on y trouve une circonstance dont la vérité est frappante : c’est qu’au-delà de Meroé le cours du fleuve est double ; qu’une des deux branches a ses eaux couleur de terre, et l’autre, couleur du ciel[1] : or, c’est précisément ce qui caractérise le Bahr el-abyad et le Bahr el-azraq d’aujourd’hui, autrement la rivière Blanche et la rivière Bleue ; c’est aussi ce qui a fait reconnaître le véritable Nil dans ces derniers temps, et l’on voit que les noms actuels du pays se trouvent conformes à cette distinction.

Je n’ai pas encore parlé de Philostrate, auteur qui nous a transmis des détails intéressans sur l’Éthiopie et sur le Nil, dans sa Vie du fameux Apollonius de Tyane ; j’y ai trouvé une description des cataractes supérieures, que je vais rapporter en peu de mots. Il représente Apollonius voyageant avec ses compagnons, tantôt par terre, tantôt sur le fleuve, et visitant tous les lieux avec la plus grande curiosité. Après avoir quitté le pays des gymnosophistes, Apollonius et les siens se dirigèrent vers les montagnes ou catadupes, en remontant le Nil du côté gauche. « Les catadupes, dit Philostrate, sont des montagnes escarpées d’où le Nil descend, en arrachant la terre qui forme le limon d’Égypte : le bruit du Nil, dans sa chute, est épouvantable ; aussi plusieurs

  1. Æl. Arist. in Ægyptio, edente S. Jebb, p. 346 ; Oxon., 1722.