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CH. II, DESCRIPTION DE SYÈNE

plus ses facultés pour observerle phénomène avec attention. La nappe d’eau qui se précipite a un pied d’épaisseur, et plus d’un demi-mille de large ; elle s’élance d’environ quarante pieds dans un vaste bassin, d’où le fleuve rejaillit avec fureur, et répand en diverses directions des flots tout bouillonnans et pleins d’écume[1]. L’eau en tombant forme un arc, sous lequel, suivant Bruce, il est impossible qu’on se place (quoi qu’en ait dit le P. Lobo), parce que l’épouvantable fracas de la chute mettrait en danger de perdre l’ouïe ; un brouillard épais, ajoute-t-il, s’élève continuellement au-dessus de la cataracte. Ce tableau paraîtrait convenir en quelques points à la description de Philostrate ; mais, dans cette dernière, il n’est pas question du lac au sortir duquel se trouve la chute d’Alata, et l’on voit, au contraire, des circonstances qui se rapportent bien aux cataractes de la grande chaîne de Fazuclo ou du onzième degré.

La seule conséquence que je tirerai de ces relations anciennes et modernes, c’est qu’il y avait et qu’il y a encore cinq ou six cataractes où la chute est très-haute et le bruit considérable ; savoir, celle d’el-Assar, celle d’Alata, celles de Fazuclo, et celle de Genâdil, et que, si l’on a prétendu que le bruit de la dernière cataracte frappait de surdité les habitans du voisinage, il ne faut pas moins l’attribuer à l’existence des cataractes supérieures avec lesquelles on l’a confondue, qu’à un ancien état du lit du fleuve, supposé très-différent de ce qu’il est aujourd’hui.

  1. La hauteur de cette chute surpasse de dix à douze pieds celle de l’Orénoque à Maypurès, mesurée par M. de Humboldt.