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trop monotone de tous les autres points de l’Égypte. Enfin, au milieu de tous ces tableaux si variés, si pittoresques, le voyageur jouit encore du spectacle de plusieurs antiques monumens qui sont restés debout ; faibles mais précieux vestiges de l’ancienne puissance d’Éléphantine. Telle est la première terre cultivée de l’Égypte, et telle est l’entrée du Nil dans ce pays lorsqu’il a franchi la chaîne de granit qui le traverse, et les innombrables écueils de la dernière cataracte[1].

Ce point était, dans l’antiquité, la clef de l’Égypte, du côté du midi. Sous le règne de Psammitichus, dit Hérodote, il y avait garnison à Éléphantine contre les Éthiopiens, à Daphnes de Péluse contre les Syriens et les Arabes, à Marea contre la Libye. Du temps de cet historien, les Perses entretenaient aussi une garnison à Éléphantine[2]. Selon Strabon, il s’y trouvait une cohorte romaine[3]. Pomponius Mela compte Eléphantine parmi les plus célèbres villes d’Égypte : Earum clarissimæ procul à mari, Saïs, Memphis, Syene, Bubastis, Elephantis et Thebæ. En parlant des voyages du grand Germanicus, Tacite appelle cette ville une des anciennes barrières de l’empire romain : Exin ventum Elephantinen ac Syenen, claustra olim romani imperii[4]. Enfin il y avait encore, au temps du Bas-Empire, une cohorte stationnée à Éléphantine[5]. Mais l’importance d’un poste

  1. Atque Elephantina sub ipsis ferè citaractis jacet (Ælius Aristides, in Ægyptio, version de l’édition d’Oxford, 1722, p. 343).
    Selon le sentiment des Grecs, rapporté par Hérodote (l. XI, ch. 17), l’Égypte commençait à la cataracte et à la ville d’Éléphantine.
  2. Herod. Histor. l. II, c. 30.
  3. Strab. Geogr. l. xvii, p. 820.
  4. Tac. Annal. l. II.
  5. Notilia utraque dignit. imperii, p. 90.