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ch. iv, description d’ombos

crocodile[1] ; l’étude de ce bas-relief avec tous ses hiéroglyphes sera utile aux savans qui font des recherches sur la langue sacrée.

Le globe ailé qui couronne également les scènes où se trouve l’épervier, et celles où figure le crocodile, fait voir qu’ils se rapportent l’un et l’autre à la même divinité, et que tous deux sont l’emblème d’un attribut particulier d’Osiris. L’épervier est, comme on le sait, le symbole du soleil, et le crocodile doit se rapporter à l’inondation, dont il était le symbole pour les habitans d’Ombos. En effet, les eaux du Nil n’arrivaient jadis à Ombos que par un canal, ainsi que nous l’avons déjà dit d’après les auteurs anciens[2] : le fleuve coulait alors beaucoup plus à l’ouest. Dès qu’il franchissait ses bords pour se répandre sur les terres et pénétrer dans les canaux intérieurs, alors les crocodiles, jusque-là bornés aux rives du fleuve, pouvaient suivre les eaux dans leur marche, et arriver jusqu’aux villes méditerranées. C’est ainsi que le peuple d’Ombos pouvait regarder le crocodile comme le signe et la mesure du débordement : c’en est assez pour concevoir comment on a donné une tête de crocodile au dieu symbole du fleuve.

Qu’on nous permette ici d’examiner en peu de mots ce que rapportent les anciens auteurs, sur le culte attribué aux habitans d’Ombos. C’est une opinion reçue d’après Élien, et surtout d’après Juvénal, qu’on y rendait les

  1. Voyez pl. 43, fig. 19.
  2. Strab. Geogr. lib. xvii. Ælian. de nat. anim. lib. x, cap. 21. M. de Pauw a supposé ce fait sans preuve, et la position actuelle des ruines sur la rive du fleuve semblerait d’abord le démentir ; mais l’examen attentif des localités confirme le témoignage des anciens.