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ch. iv, description d’ombos

le supposer témoin des horreurs qu’il décrit, il ne faudrait pas, du siècle où il a vécu, conclure pour les temps antérieurs où l’Égypte et sa religion étaient florissantes. Il ne paraît pas que les écrivains romains, si l’on excepte Cicéron et Sénèque, aient eu des idées justes sur l’esprit de cette religion tout emblématique, et presque toute fondée sur la connaissance des phénomènes naturels. Une des principales connaissances que les colléges d’Égypte avaient acquises et perfectionnées, était celle des habitudes des animaux du Nil, et en général des animaux propres à l’Égypte. Ils savaient que le crocodile, quoiqu’amphibie, ne s’enfonce jamais beaucoup dans les terres, si ce n’est à l’époque des hautes eaux. Cette observation, déjà faite par M. de Pauw, me semble expliquer très-bien pourquoi le crocodile était l’emblème de l’eau potable[1].

Par cette seule connaissance de la signification symbolique du crocodile, on devait voir ce qu’il faut entendre du culte des Ombites et de celui des autres nomes où les mêmes pratiques étaient en usage. Ce sont les figures gravées sur les temples, qui, à n’en pas douter, ont fait dire aux Grecs et aux Romains que le crocodile était un dieu adoré en Égypte. Quant aux guerres civiles dont les auteurs font mention, il est assez rai-

  1. C’est Eusèbe qui nous l’apprend dans un chapitre très-curieux, où il expose plusieurs symboles égyptiens. Voici la version latine du passage : Iidem aliquando solem hominis cujusdam navigium crocodilo impositum conscendentis symbolo repræsentant : ac navigium quidem, institutum in humida mollique regione mouth significant ; crocodilus verò, aquam illam ad bibendum fucilem (πότιμον ὔδωρ) per quam sol feratur. Enscb. Præparat. evang. l. iii, c. xi, p. 115 ; Paris, 1628 Voyez aussi Clément d’Alexandrie, Strom. lib. v, p. 632 ; Paris, 1566.