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CH. iv, DESCRIPTION D’OMBOS

par le nom de Gebel Selseleh, qui signifie montagne de la chaîne.

La tradition veut qu’effectivement le Nil autrefois ait été barré ici par une chaîne de fer, dont les extrémités étaient fixées aux points les plus saillans des deux montagnes opposées. Peu de voyageurs ont négligé cette tradition singulière. Quelques-uns ont soigneusement recherché et ont cru avoir retrouvé les points du rocher où la chaîne avait été jadis attachée. D’autres ont tourné cette prétention en ridicule ; et, vu l’immense largeur du fleuve, vu le peu d’utilité d’une pareille précaution, ils ont pensé que ce fait, d’ailleurs dénudé de preuves, devait être rejeté comme tout-à-fait invraisemblable, sinon comme absurde : cette opinion nous paraît la plus sage.

Nous ferons remarquer qu’une telle position a dû dans tous les temps former la démarcation entre les deux nomes ou les deux provinces contiguës. Dans les temps de trouble, elle a servi de limite aux différens partis : elle devenait un rempart naturel, que de part et d’autre il était dangereux de franchir, comme le montrent assez les faits de l’histoire moderne. Si l’on veut donc donner un sens raisonnable à la tradition, il faut croire que, cet endroit ayant servi de limite et de barrière aux habitans des provinces voisines, le nom de chaîne lui aura été appliqué en raison de cela seul, par une métaphore assez naturelle aux Orientaux.

Un peu au nord de Gebel Selseleh, à quatre myriamètres d’Edfoû, au milieu d’une petite plaine cultivée, on distingue l’emplacement d’une ancienne ville, à la couleur rougeâtre du terrain, à des buttes de décom-