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ET DES ENVIRONS

est parvenu, par des rapprochemens multipliés, à constater leur âge, et que, familiarisé peu à peu avec ces formes étrangères, on a pu juger sans prévention du caractère propre de cette architecture, et démêler, à travers la bizarrerie apparente de sa décoration, l’accord qui règne entre l’ordonnance, les ornemens et la destination des édifices ; accord qui en fait le mérite le plus grand, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, et qui est le cachet de l’antériorité de l’art dans cette contrée ; alors, dis-je, rempli de l’intérêt qu’excitent ces anciens travaux, pénétré d’un sentiment de respect pour l’ancien peuple qui les exécuta, on recherche avec empressement et l’on aime à voir jusqu’aux lieux mêmes qui en ont fourni les matériaux ; on les parcourt, sinon avec plus de fruit pour son instruction, peut-être avec plus d’émotion qu’aucun autre.

Ici, en effet, rien n’arrête la pensée, rien ne borne la réflexion, comme partout ailleurs, à des faits d’un intérêt local. Les travaux qu’on a sous les yeux appartiennent véritablement à toute la contrée, à tous les âges. De là sont sortis et les monumens qui subsistent aujourd’hui, et beaucoup d’autres encore qui les ont précédés, et dont les débris se voient dans les édifices actuels. On songe bientôt que, dans cette longue suite de siècles où se perd l’imagination, les travaux eurent toujours le même objet, le même caractère ; que les procédés sont restés constamment les mêmes. Tout avait atteint déjà dès les temps les plus reculés ce degré de perfection qui convenait au but qu’on se proposait. C’est surtout au milieu des objets qui font naître ces