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bien des fois : chaque génération y a accumulé les débris de ces demeures si fragiles ; et ces débris auraient déjà formé sur les terrasses une sorte de montagne, si les fellâh n’eussent trouvé le moyen de s’en débarrasser d’une autre façon. Les salles du temple d’Edfoû étaient éclairées par des fenêtres percées au plafond et en forme de soupirail : c’est par ces fenêtres qu’on fait journellement passer les cendres, les fumiers et toutes les ordures des étables, tellement que les salles et les deux portiques se sont peu à peu encombrés de presque toute leur hauteur, et que les issues se trouvent entièrement obstruées, sans que ces débris se soient introduits par les portes. Quelques-unes de ces salles servent aussi aux habitans de la terrasse, de magasins secrets et de refuges pour eux, leurs femmes, leurs enfans, leurs bestiaux, et tout ce qu’ils veulent soustraire à l’avidité des gouverneurs, aux violences des Arabes ; ils s’enferment avec eux dans ces réduits privés d’air et de jour, au risque d’y étouffer de chaleur et d’infection. C’est ainsi que les fellâh ont transformé en étables, et, ce qui est encore plus singulier, en véritables souterrains, de vastes portiques et des appartemens de dix mètres[1] de haut.

On concevra sans peine quelles difficultés devait éprouver un Européen pour pénétrer dans cette forteresse souterraine. Il me fallait découvrir la place que devaient occuper les fenêtres dont j’ai parlé ; cette place, que m’indiquait l’analogie des autres temples, était à la partie droite de la terrasse, à la suite d’un petit escalier

  1. Trente-un pieds.