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DES ANTIQUITÉS D’EDFOÛ.

largeur[1], est divisé en douze degrés aussi larges que l’entrecolonnement, c’est-à-dire de quatre mètres ou douze pieds, sans avoir plus de quatre pouces et demi de haut ; le dernier de ces degrés reçoit le portique et sert de parvis au temple[2].

Quoi de plus grand en architecture que ce majestueux perron ! On chercherait vainement quelque chose de semblable, soit chez les Grecs, soit chez les Romains, qui, bien plus que les premiers, ont sacrifié à la magnificence. Pour apprécier le mérite de cette disposition, il faut se reporter vers les temps anciens, et se représenter une des imposantes cérémonies que nous décrit le père de l’histoire. Voici le moment où le fleuve, ayant quitté son lit, va inonder l’Égypte : c’est la fête du Nil[3]. Le prince, suivi des prêtres du collége et des principaux personnages, tous richement vêtus, va rendre aux dieux des actions de grâces : déjà il a touché le seuil du portique ; une foule d'initiés occupent les degrés inférieurs ; les guerriers les suivent, et le peuple remplit le reste du péristyle. Maintenant, qu’on se figure, sur ces larges degrés, cette immense procession s’avançant lentement, dans un ordre parfait, et dans un silence profond, qui n’est interrompu que par la mélodie des hymnes sacrées et par les accords des instrumens. Cette multitude, partagée ainsi régulièrement et distribuée en douze étages, ne devait-elle pas donner au tableau un effet magique,

  1. Cent trente-deux pieds.
  2. Voyez pl. 53 et 54. La différence de niveau qu’on a trouvée entre le sol de la grande entrée et le seuil du portique a motivé ces degrés successifs représentés dans les planches, et dont on a d’ailleurs un exemple à Thèbes.
  3. Voyez Herod. Hist. l. ii ; Heliod. Æthiop. l. ix, etc.