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DES ANTIQUITÉS D’EDFOÛ.

que les entre-colonnemens du milieu sont plus larges que les autres[1] : cette différence donne plus de variété, plus de mouvement au jeu des colonnes, que ne feraient des entre-colonnemens tous égaux : il en résulte que les dix-huit colonnes du premier portique se partagent en deux groupes carrés, qui sont plus distincts, et en plaisent davantage à la vue.

Ce qui s’offre d’assez remarquable dans cette disposition, c’est sa conformité avec celle qu’un ancien auteur nous a transmise, comme propre aux temples d’Égypte. Voici en abrégé la description que Strabon donne de ces temples dans le dix-septième livre de sa Géographie :

« Après le dromos, on trouve un grand propylon suivi de deux autres ; ensuite le naos, précédé d’un grand et magnifique pronaos ; puis le sêcos, qui a peu d’étendue. De chaque côté du pronaos, il y a des ailes. En avant sont deux murs inclinés, aussi hauts que le temple : leur distance initiale excuse un peu la largeur de ce dernier, et ils se prolongent ensuite, de cinquante à soixante coudées[2]. »

  1. L’entre-colonnement est d’un diamètre et trois cinquièmes dans le premier portique, et d’un diamètre et demi dans le second.
  2. La version de Xylander et les autres sont également défectueuses. Pour entendre parfaitement les descriptions des anciens, il faudrait avoir vu les monumens qu’ils décrivent. Il me semble qu’on s’est trompé surtout dans la traduction de ces, ἔστι δὲ ἰσοῦψη τῷ ναῷ τείχη δύο. En effet, ταῦτα ne se rapporte pas au mot πτερὰ qui précède : ce n’est pas ici un pronom, mais un adverbe, qui veut dire proinde ; et ces mots appartiennent à une autre phrase. Ce qui prouve bien qu’il ne faut pas entendre par les deux murs (τέιχη δύο) les mêmes parties que celles nommées πτερὰ, mais bien les deux grands massifs, c’est qu’on voit plus bas que ces deux murs (τοῖχοι οὖτοι) sont chargés d’images colossales ; ce qui ne peut s’entendre que des grandes figures sculptées sur ces massifs. Au surplus, le commentateurs font plusieurs corrections à ce passage, et l’interprètent diversement.