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CH. V, DESCRIPTION

architraves, les galbes de ces corniches, de ces chapiteaux, sont intacts ; à la distance où la grande proportion du monument commande que l’œil soit placé, l’on n’aperçoit que les formes générales.

Ce caractère de l’architecture égyptienne me paraît un de ceux qui la distinguent éminemment : les hommes qui ont su concilier des conditions si difficiles, sont les mêmes qui avaient imaginé de revêtir un édifice entier de couleurs ; idée hardie, et qui offrait le même genre de difficulté à vaincre : il fallait choisir et distribuer si bien ces couleurs, que l’attention ne fût pas distraite, et que l’harmonie des proportions ne fût pas troublée[1] ; c’est ce qu’ils ont su faire partout pour la décoration, et le monument d’Edfoû n’a d’autre avantage que d’en être un exemple complet.

Il suffit d’une attention légère pour expliquer cette heureuse alliance de la décoration avec l’architecture proprement dite. Les sculptures, étant peu profondes et de peu de saillie, se détachent doucement sur un fond qui est parfaitement lisse ; en second lieu, la plus parfaite symétrie règne dans la distribution des ornemens. Ce sont des tableaux tous de même hauteur, tous encadrés et placés parallèlement sur les faces des murs, ou bien des sujets qui se répètent d’espace en espace sur les frises, les colonnes et les corniches, ou enfin des colonnes d’hiéroglyphes également espacés, qui remplissent les intervalles des figures : toutes sculptures extérieures, et presque superficielles, eu égard à la masse du monument : c’est à leur succession bien en-

  1. Voyez pl. 18.