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CH. V, DESCRIPTION

tive a l’avantage de produire plus d’illusion, en présentant à-la-fois toutes les parties d’une scène avec l’aspect qu’elles ont dans un même instant, elle entraîne aussi dans la nécessité d’en masquer plusieurs : sans le coloris et la perspective aérienne, l’effet n’en serait pas heureux ; et les modernes en ont fait l’expérience dans les compositions de bas-reliefs un peu compliqués. On ne peut du moins disconvenir que les raccourcis ne soient très-difficiles, pour ne pas dire impossibles à exprimer par la sculpture.

Les Égyptiens qui représentaient des sujets religieux, s’embarrassaient donc peu de figurer les raccourcis des épaules et des mains. Ils supposaient toujours les membres parallèles au plan du bas-relief, ainsi qu’on le voit dans plusieurs bas-reliefs grecs : seulement ils s’attachaient à leur donner leurs justes proportions, leurs formes, leurs vrais contours[1] ; et quand ils voulaient représenter un homme debout, les bras élevés, ils faisaient voir les épaules de face, la tête de profil, enfin le corps de profil ou de trois quarts. À la rigueur, cette attitude ne se trouverait pas sans modèle ; car c’est assez exactement la pose ordinaire de l’escrime. Ainsi, bien que cette disposition des figures humaines ait au premier abord quelque chose de roide et de choquant à quoi l’on n’est pas habitué, il faut y reconnaître une règle invariable, anciennement tracée aux artistes, règle dont ils ne pouvaient se départir pour ce qui touchait à la reli-

  1. Consultez principalement les planches 16, fig. 2 ; 44, fig. 8 ; 57, fig. 1 ; 80, fig. 6 ; 82, fig. 1, etc. : il n’a pas été possible de conserver dans toutes les planches le même caractère aux figures égyptiennes.