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ch. v, description

l’année ou le mois du solstice d’été. Toutes ces figures armées de flèches, rappellent le sagittaire, qui désigne dans le zodiaque la fin du printemps et l’approche, du solstice. Quant à l’époque à laquelle se rapportent ces peintures, elle me paraît marquée par la figure du lion, très-commune dans la frise, notamment par les deux lions debout armés de couteaux. Pour exprimer symboliquement que sous le signe du lion les influences nuisibles étaient anéanties, pouvait-on imaginer rien de mieux que d’armer la figure même de cet animal ? Mais ce qui annonce parfaitement la même époque, c’est encore ce lion, qui occupe le milieu de la galerie[1] ; cette figure est principale dans la frise, et par sa place, et par sa proportion. En joignant au corps du lion la tête de l’épervier, l’artiste me semble avoir indiqué fort bien que le soleil était alors dans la constellation du lion ; car l’épervier était l’emblème du soleil. C’est ainsi que ces figures complexes, qui ne semblent au premier coup d’œil que des compositions fantasques, ou qui ne sont remarquées que pour l’art et le goût du dessin, avaient été imaginées par les Égyptiens pour peindre les phénomènes naturels, et en fournir en quelque sorte une image sensible[2]. Si donc cette conjecture est fondée, et si l’on convient que les auteurs du temple ont voulu marquer dans les sculptures le temps de son érection, on sera porté à conclure que cet édifice date de l’époque où le solstice d’été avait lieu dans la constellation du

  1. En restituant dans la planche les soixante-quinze colonnes d’hiéroglyphes, on verra que cette figure était au milieu de la frise.
  2. Ce n’est pas ici le lieu d’étendre cette remarque : on se propose de le faire dans l’Essai sur l’arten Égypte.