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habitans d’Esné, à leur église, qui est à trois quarts de lieue au sud de la ville. Cette église, et le couvent dont elle dépend, sont célèbres par le massacre épouvantable de chrétiens qui y fut fait sous Dioclétien ; c’est un lieu de pèlerinage extrêmement fréquenté. Ce couvent est très-considérable, et il paraît l’avoir été bien davantage : les voyageurs qui nous ont précédés s’accordent assez sur ce point ; et les ruines que l’on voit encore dans ses environs viennent à l’appui de leurs témoignages. Ce qui subsistait à l’époque de notre voyage, était entretenu à grands frais ; mais depuis long-temps le bon goût ne préside pas aux travaux que l’on y exécute. Quand nous y avons été, on était fort occupé à réparer les dégâts que les Mamlouks y avaient fait récemment, lorsque nous étions à leur poursuite.


GÉOGRAPHIE COMPARÉE.


C’est du martyre que plusieurs milliers de chrétiens subirent à-la-fois dans les environs d’Esné, lors de la persécution ordonnée par Dioclétien, que d’Anville fait dériver le nom d’Esné ou Assena, qui veut dire la brillante.

Nous ne connaissons aucun témoignage historique qui puisse faire croire que les chrétiens aient jamais été assez puissans en Égypte pour changer les noms de villes aussi considérables qu’Esné. Il nous paraît plus probable que le nom d’Esné est l’ancienne dénomination égyptienne, qui s’est conservée comme celles de Tentyra, Ombos, Erment, et tant d’autres, tandis que toutes