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CONCOURS DE POÉSIE.

voulait m’acheter[1]. « Il le fit et n’eut pas tort pour lui ri pour son siècle, malgré tout le mal qui se mêla au bien dans son œuvre.

Si le jeune Arouet ne s’abandonnait que trop à ce courant délicieux où tout était également satisfait en lui, il était encore plus poëte que mauvais sujet : l’envie de se faire un nom, l’appât des gloires littéraires ne laissaient pas de l’aiguillonner ; il pelotait en attendant partie, et luttait de petits vers avec les Chaulieu, les la Fare, les Courtin, qui étaient, d’ailleurs, trop fils d’Apollon eux-mêmes pour ne pas stimuler la verve naissante de ce dernier venu. L’Académie française avait choisi, pour sujet du concours de poésie de 1712, la construction du chœur de Notre-Dame de Paris, ordonnée par Louis XIV pour accomplir le vœu de Louis XIII. Arouet ne voulut pas perdre cette occasion de se révéler, il tenta l’aventure et fit une ode qui débutait ainsi :

Du Roi des rois la voix puissante
S’est fait entendre dans ces lieux…

Luchet veut que l’ode de Voltaire ne roule pas sur la construction du chœur de Notre-Dame, et ait été

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. XXXVIII, p. 348. Examen d’un libelle intitulé : la Voltairomanie. La marraine du père de Voltaire était une Marie Arouet, fille de Pierre Arouet, avocat du roi en l’élection de Thouars, comme nous l’indique l’acte de baptême de celui-ci. Ce Pierre Arouet, d’une branche collatérale, nous semble devoir être le même que Pierre Arouet, procureur fiscal du comté de Secondigny, dans le département des Deux-Sèvres, dont fait mention M. Henri Filleau, dans son Dictionnaire biographique, historique et genéalogique des familles de l’ancien Poitou (Poitiers, 1854), t. I, p. 96.