Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
OLYMPE.

passaient pour l’histoire de la cour[1] ». Mais ces sottises-là ne sont pas toujours des mensonges.

À l’époque où nous sommes, madame Dunoyer n’avait plus qu’une fille auprès d’elle, la cadette, Olympe, cette aimable et inconsidérée Pimpette, le premier amour de notre poëte, s’il ne devait être, lui, ni son premier ni son dernier amant. Sans grande beauté, bien qu’on vante sa beauté et sa riche taille dans la Quintescence[2], elle avait de la douceur et de l’agrément, et avec une autre éducation, d’autres principes et d’autres exemples, elle eût pu faire le bonheur d’un honnête homme. Sa mère, qui parfois se rendait une justice rigoureuse, tout en convenant des difficultés de la tâche, n’avait pas renoncé pour cela à l’espoir de l’établir. Elle avait marié son aînée à un lieutenant de cavalerie, M. Constantin, dont l’âge avancé était peu en harmonie avec l’extrême jeunesse de sa fille, mais qui avait quelque bien et pouvait, grâce à un boulet ou à une balle de mousquet, la rendre libre et riche. « Il faut se marier une fois dans sa vie par intérêt, et la seconde pour ses plaisirs. » C’était la morale de cette mère de famille. De tels calculs peuvent ne pas aboutir. La légèreté de madame Dunoyer qui, durant l’absence du mari, traînait sa fille de parties en parties, fut funeste à cette union, d’ailleurs mal assortie, qu’un procès vint dénouer.

Avant l’arrivée d’Arouet, mademoiselle Olympe

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. XXXIX, p. 290. Des Mensonges imprimés.
  2. Madame Dunoyer, Lettres historiques et galantes (Amsterdam, 1720), t. IV, p. 321, 322.