Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/30

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  CLEONICE,  



XLVI.


On lisoit en ses yeu une paix éternelle,
Lors qu’en sortant du ciel sa beauté" m’apparut ;
Et mon jeune desir follement y courut,
Comme un gay papillon au feu de la chandelle.

Iles travaux endurez, ma liberté nouvelle,
Iles desseins, mes sermens, rien ne me secourut ;
Soudain tout me trahit, se rendit ou mouruL
Dieux 1comme une rigueur peut-elle estre si belle !

Depuis je n’ay vescu que comme elle a voulu,
Bandé contre moi-mesme, i ma mort resolu,
N’esprouvant que tempeste en la mer plus paisible,

Au gré des passions contrairement poussé.
Las ! fussë-je une l’uche en quelque mont glacé,
Sans estre à tant de feux si vif et si sensible !


XLVII.


Echo, nymphe jadis d’amoureuse nature,
Qui n’est rien maintenant qu’image de la voix,
Et qui dans ce val creux, caché d’un peu de bois,
D’air et de bruit lasché prens vie et nourriture,

Si tost que je me plains du tourment que j’endure,
Pour avoir -desiré plus que je ne devois,
Tu m’annonces mes maux, taschant si tu pouvois
Ife divertir de suivre une beauté si dure.

Quand en’ me souvenant du mal que j’ay passé,
Je dis : Ifais que seray-je ayant tant pourcha$Sé !
Chassé, me respons-tu d’un accent lamentable.

Et quand plus curieux du cours de mes malheurs,
Je demande : lIé 1comment finiront ces clameurs !
Meurs, est lors de ta voix l’oracle irrévocable t •