Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/38

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  CLEONICE,  


Separe un clair esprit d’un corps parrait et beau.
Tu mettras avec elle Amour et ~n tlambeau
Dedans la sepulture.

Las ! en parlant ainsi, Je ’sens soudainement
Un spasme, une foiblesse, un morne estonnelnent,
Qui paltit mon visage ;
lia langue s’engourdit, mes yeux sont pleins d’horreur i
P.uis en moy revenu, despitant ma fureur,
De ces mots je m’outeage :

o méchant que je suis, ingrat et malheureux !
Je ne merite pas d’estre dit alDoureux,
J’ay rame trop craelle :
Chacun veut de sa dame allonger le df ! stin,
Et moy je fay des vœux pOUT avaneer la fin
D’une qui m’est si belle.

Il faut bien que la rage ait pouvoir dedans mo~·,
Et que le troublement, qui me donne la loy,
Soit d’une estrange sorte,
Quand, vivant tout en vous, 6 mon mal bien-aim~l
N’ayant jour que de vous. par vous Besle animé,
Je vous souhaite morte.

Mais plustost 1eR bauts cieux et tous les élempns,
~oient remis pelle-melle en confus broüillem~ns,
Le sec avec l’humide ;
Puissent tous les humains sans remede fmi..,
Ains que je voye, helasl vostre mort advenir,
o ma belle homicide !

II est vray que pour vous j’ay beaucoup enduré.
J’ay porté le regard et l’esprit égaré,
J’a ! eu la couleur sombre :