DERNIÈRES AMOURS. | 138 |
- LVIII.
~sse, ô maudite main t cesse, esprit insensé 1
Trop pronts a mes malheurs, d’inventer et d’écrire,
Puis que l’œil qui me tient esclave à son empire,
De vos labeurs s’offense et se rend courrouçé.
. Quand des flammes d’Amour je seray trop pressé,
S’il Caut pour n’estoufl’er qu’en mes vers je soupi..~,
Plaignons tant seulement l’aigreur de mon maJ1ir~,
Et taisons de tout point celle qui m’a blessé.
Encor, pour n’irriter cette flere deesse,
La nuict, seuil mon liet, j’ouvriray ma tristesse,
Escrivant et tirant de mes yeux maint misseau ;
Et ce lict, seul témoin de mes maux incurables,
Sera de tant d’escrUs, mes enfana miserables,
Tout en un mesme tans la tombe et le berceau.
- LIX.
Puissent tousjours durer les enDuis si cuisans,
Dont ma bouche aux regrets sans relâche est contrainte,
Puis qu’il semble à mon ame, en cent chaines estrainte,
Que sa rame et ses Cers n’en sont pas si pesans.
La Duict est ma lumiere, et mes jours pla. ; luisans,
Ce sont tristes horreurs, pleines d’ombre et de crainlt’ ;
lion repos gist à faire une éternelle plainte,
Et les lieux de plaisir me sont tous déplaisaos.
Ne me laisse donc point, ô dolente pensée !
Renais ainsi qu’une hydre en mourant renCorçoe.
Et ne souffre mon œil dejMrmes s’épuiser.
• Car d’ennuis et de ptetlrs sans plus je me contente,
Le soupirer m’est paix : aussi c’est mon attente,
Que l’extrême soupir seul me doit ’fpaiser.