Page:Desprez - L’Évolution naturaliste, 1884.djvu/29

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immoral que la chute elle-même !… Vous connaissez maintenant la couleur générale du tableau. »

Ce spécimen d’éloquence judiciaire enfanta des considérants presque aussi joliment léchés :

« Attendu que les passages incriminés, envisagés abstractivement et isolément, présentent effectivement soit des expressions, soit des tableaux que le bon goût réprouve… Attendu que les mêmes observations peuvent s’appliquer justement à d’autres passages non définis par l’ordonnance de renvoi, et qui ne sont pas moins contraires aux bonnes mœurs, aux institutions qui sont la base de la société, qu’au respect dû aux cérémonies les plus augustes du culte… Attendu qu’à ces divers titres l’ouvrage mérite un blâme sévère, car la mission de la littérature doit être d’orner et de récréer l’esprit en élevant l’intelligence et en épurant les mœurs plus encore que d’imprimer le dégoût du vice en offrant le tableau des désordres qui peuvent exister dans la société… Attendu qu’il n’est pas permis de reproduire dans leurs écarts les faits, dires et gestes des personnages ; qu’un pareil système conduirait à un réalisme qui serait la négation du beau et bon… Attendu pourtant que G. Flaubert ne semble pas avoir écrit dans le but de ridiculiser des choses qui doivent être entourées du respect de tous ; le tribunal l’acquitte de la prévention portée contre lui et le renvoie sans dépens. »

Et voilà ce que nous jette au nez Joseph Prudhomme, depuis plus de vingt-cinq ans.