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Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/106

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IROQUOISIE

Ils manquent d’entregent, de souplesse, de rouerie ; ils ont le goût de recourir tout de suite à la force. Ils laissent passer les meilleures occasions et ne savent même pas recueillir l’héritage commercial des rivaux qu’ils détruisent. Puis, la situation de l’Iroquoisie, qui est si forte du point de vue militaire, est moins bonne du point de vue commercial. C’est tout le contraire pour la Huronie. Les Hurons sont placés sur l’extrême frontière entre les tribus iroquoises sédentaires, agricoles, et les tribus algonquines du nord, qui sont nomades et vivent difficilement de la chasse et de la pêche ; bien plus, la Huronie s’avance comme une pointe dans les territoires algonquins. Alors les avantages commerciaux qui s’offrent à eux sont infinis ; ils recueillent les produits des tribus iroquoises, Neutres, Gens du Pétun, — pour les échanger contre ceux des tribus algonquines. Ils offrent à ces dernières le maïs, la farine de maïs, le chanvre, les produits du chanvre comme les filets, le tabac ; ils rapportent en retour les fourrures, le poisson boucané, la viande fumée. Intermédiaires entre des civilisations, des économies différentes, ils ont toujours des produits à offrir de quelque côté qu’ils se tournent. Ils ont la souplesse, les méthodes rusées, l’activité inlassable, la roublardise des vrais commerçants. Aucun voyage, si lointain soit-il, ne les rebute. Ils savent rouler leurs concurrents et recourir au besoin à la manière forte. Ils ne manquent pas de patience et savent subir des avanies quand il le faut. Ils ménagent les tribus algonquines : ainsi, chaque année, ils endureront les exigences des Algonquins de l’île des Allumettes sans jamais recourir aux armes. Enfin ces deux peuples iroquois n’ont ni l’un ni l’autre, beaucoup de fourrures dans les territoires qu’ils habitent. La Huronie est toute petite, bourrée de bourgades ; en quelques années, les derniers animaux à fourrure seront sacrifiés au nouveau commerce ; mais la Huronie n’en a cure : elle trouvera facilement les pelleteries dans le cours ordinaire de ses échanges commerciaux ; personne n’a d’inquiétude sur ce point. L’Iroquoisie, beaucoup plus grande, moins densément peuplée,