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IROQUOISIE

pour longtemps de nouer des relations commerciales avec la Nouvelle-Hollande.

Toutefois le gros rassemblement d’Indiens, à l’embouchure du Richelieu, ne se disperse point sans que des bandes partent pour l’Iroquoisie ; des Algonquins « s’en allèrent chercher quelque pauvre misérable Iroquois : car la plupart de leurs guerres se passent dans les surprises, se guettant les uns les autres, comme on ferait un sanglier »[1]. Le dix août, le capitaine de Tadoussac revient le premier avec son détachement. Ils avaient trouvé, dit-il, l’emplacement d’un bivouac iroquois ; trois cents guerriers au moins y avaient passé la nuit. Une dispute s’était alors élevée parmi les Algonquins. Les Montagnais avaient décidé de revenir, les autres avaient continué leur route. Le 11 août, il est rumeur que ces derniers reviennent après avoir remporté quelques succès ; mais en fait, ils n’apparaissent pas avant le 13, agitant au bout de gaules les scalps des ennemis qu’ils ont tués. Les femmes se lancent à la nage ; elles se saisissent des chevelures pour les pendre à l’entrée des wigwams. Les Français apprennent qu’après le départ des Montagnais, une centaine d’Algonquins se sont aussi retirés, laissant le détachement fort affaibli. Les autres ont continué leur route, ils se sont approchés d’une bourgade des Agniers. Ils ont saisi une couple d’Iroquois. Ils leur ont promis la vie sauve à la condition d’apprendre dans quel lieu ils pourraient rencontrer un groupe d’ennemis. Ces deux misérables Agniers indiquent une rivière, non loin, où quelques hommes font la pêche et fabriquent avec des écorces des collets propres à capturer des orignaux ; plusieurs femmes y récoltent aussi des orties pour en faire des cordages. Les Algonquins se rendent aussitôt sur les lieux. Ils attaquent vivement la petite troupe, tuent, blessent, massacrent. Ils mettent enfin à mort vingt-huit personnes. La plupart étaient des femmes. Ils ramènent à titre de prisonniers trois hommes, une jeune femme et une jeune fille. Ils avaient capturé un nombre d’ennemis plus grand ; mais craignant d’être pour-

  1. RDJ, 1636-65.