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IROQUOISIE

détachement iroquois, se sachant découvert et repéré, croyant qu’il ne pourra plus maintenant accomplir aucune action d’éclat, se dispose à la retraite. Alors, il intervient dans les délibérations : « Mais le captif, les voyant en cette disposition, leur donna à entendre que ceux qui venaient après eux n’étaient pas en tel nombre qu’ils n’en puissent, facilement venir à bout »[1]. Enfin, il leur laisse croire qu’ils sont les plus nombreux et que la victoire sera facile. Alors, au lieu de fuir, les Iroquois se construisent, selon leur habitude, un fortin ou retranchement, de forme ronde, en rondins ou troncs d’arbres, où ils attendent avec confiance la bande huronne. Ils s’y retranchent. Mais quand les Hurons entourent cet ouvrage rudimentaire, les Iroquois constatent qu’ils ont été joués par leur prisonnier, et ils l’assomment tout de suite.

Ils tiennent ensuite conseil. La fuite est encore possible, « y ayant encore quelque endroit par où ils pouvaient échapper… ». La plupart des guerriers croient qu’il serait sage de le faire. Mais un Iroquois, qui sera baptisé plus tard sous le nom de Pierre, et qui possède non moins de courage que le prisonnier huron, intervient avec énergie dans la discussion. Indiquant le ciel qui est dans le moment sans nuage, il dit : « Cette résolution… serait possible, si le ciel était couvert et si le soleil ne devait être spectateur de cette lâcheté ; mais cela n’étant pas, il faut combattre tant que nous pourrons, et puis un chacun avisera à ce qu’il a à faire ». Il convainc ses compatriotes qui prennent la résolution de combattre. Mais ils ont en face d’eux des ennemis qui n’ont ni moins de résolution, ni moins de courage et qui sont plus nombreux. C’est une véritable bataille qui s’engage. Algonquins et Hurons tuent de dix-sept à dix-huit Iroquois ; ils capturent tous les autres, sauf quatre ou cinq qui réussissent à fuir. C’est une très belle victoire.

Les quatre-vingts prisonniers sont distribués entre les tribus huronnes et les bourgades. Les missionnaires tentent parfois de les convertir avant le supplice.

  1. RDJ, 1639-69.