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IROQUOISIE

Une prisonnière se lance dans l’eau noire d’un qui a empêché la glace de se former. Le courant la rejette sur le bord. Les Iroquois ont d’abord l’idée de la sauver ; mais découvrant qu’elle est mi-morte de froid, ils lui coupent la tête après l’avoir scalpée.

Des guerriers se gaussent d’un bon vieillard algonquin : « Pour toi, mon oncle,… tu es mort, tu iras bientôt au pays des âmes ; tu leur diras qu’elles prennent bon courage, qu’elles auront en bref bonne compagnie, car nous allons envoyer en ces quartiers tout le reste de ta nation ». Puis ils se vantent de l’assistance qu’ils reçoivent : « Les Hollandais, avec lesquels nous trafiquons… nous ont promis du secours contre les Français, nous les irons voir bien armés »[1]. Une curiosité invincible les porte cependant à poser des questions sur les missionnaires, sur la population française. Ils croient qu’ils ont tué bon nombre des soldats au cours du combat qui a eu lieu en juin précédent, en face des Trois-Rivières.

Et ainsi, parmi les scènes de cruauté et les conversations, la longue procession de guerriers et de prisonniers s’approche de l’Iroquoisie. Deux jeunes hommes s’en détachent pour donner avis de l’arrivée aux bourgades. Aussitôt la population se porte au-devant de l’expédition ; elles apporte du maïs et des vivres. Quand elle arrive, prisonniers et prisonnières doivent danser. Après une nuit de réjouissance, toutes ces personnes se remettent en marche et atteignent le hameau. Les Algonquins y trouvent une cabane bien « meublée de feux et de brasiers » (18) la foule pousse des hurlements ; elle leur administre la bastonnade. Elle applique quelques tortures préliminaires ; bras et dos subissent des entailles profondes ; des écailles de poisson coupent des doigts ; des cordes s’attachent autour des poignets et par un système de torsion brisent les chairs, les nerfs et les os. Après une première explosion de violence, les captifs reçoivent des aliments. Quand ils sont repus, les hommes doivent chanter et les femmes danser. Puis les anciens les répartissent entre les diverses

  1. RDJ, 1642-45