Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
IROQUOISIE

Les documents fournissent plus de précisions au sujet des Algonquins de l’île des Allumettes. Nicolet, par exemple, arrive au pays en 1618 ; il se rend immédiatement chez la tribu précédente, pour apprendre la langue. Il y demeure deux ans. Et voici maintenant les paroles que l’on trouvera dans la Relation de 1643, à l’occasion de sa mort : « … Il accompagna quatre cents Algonquins, qui allaient en ce temps-là faire la paix avec les Iroquois, et en vint à bout heureusement. Plût à Dieu qu’elle n’eût jamais été rompue, nous ne souffririons pas à présent les calamités qui nous font gémir et donneront un étrange empêchement à la conversion de ces peuples »[1]. Ce voyage a lieu durant l’hiver 1619-20. Plusieurs auteurs ont cru que le nombre des guerriers composant l’ambassade indiquait que les Algonquins forçaient les Iroquois à la paix. Mais on ne sait dans quelle bourgade, ni chez quelle tribu ils se sont rendus. On ignore s’ils négociaient pour eux-mêmes seulement ou pour toute la Coalition laurentienne.

Le mouvement vers la paix entraîne bientôt les autres tribus canadiennes, si elles n’y avaient pas pris part tout de suite. Car le problème se pose tout de suite devant Champlain. Celui-ci fournit des détails en 1621. « Il y a quelque temps, dit-il, que nos sauvages moyennèrent la paix avec les Iroquois, leurs ennemis ; et jusques à présent, il y a eu toujours quelque accroche pour la méfiance qu’ils ont les uns des autres ; ils m’en ont parlé plusieurs fois, et assez souvent m’ont prié d’en donner mon avis »[2]. Champlain n’a pas hésité ; il s’est prononcé tout de suite. Pour sa part, il trouve bon « qu’ils vivent en paix les uns avec les autres… » L’affaire est à son avis aussi importante que délicate. Les Alliés doivent bien mûrir leur projet s’ils négocient avec un peuple dont la mauvaise foi serait patente. Les Français se réjouiront de la fin du conflit : le volume du commerce des pelleteries s’augmenterait infailliblement, l’exploration du continent deviendrait facile. Algonquins et Hurons chasseraient en paix, et même dans la zone neutre, ou le gibier foisonne.

  1. RDJ 1643-3.
  2. Œuvres de Champlain, v. 5, p. 73.