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IROQUOISIE

de négocier l’échange du missionnaire contre un chef qui est entre leurs mains. L’émissaire arrive au bon moment : l’ennemi est « prêt pour brûler le Religieux ». L’échange des captifs a lieu immédiatement.

Naviguant en trente canots, le second parti se rend à Québec. Il évite les habitations de la Basse-Ville et vient investir le couvent des Récollets sur la rivière Saint-Charles. Incapable d’assiéger cet édifice de pierre, il se rejette sur des Hurons campés non loin de là. Il surprend quelques-uns de ces derniers et les soumet au supplice du feu. Avant de reprendre le chemin du retour, il ravage les environs.

Charlevoix ne donne aucun détail sur les gestes du troisième parti. Il affirme que Champlain est absent de Québec à ce moment et que les Français n’osent attaquer ces envahisseurs. La faiblesse de la Nouvelle-France en cette occasion aurait porté le Gouverneur à envoyer en France le père Le Baillif pour demander du secours.

Charlevoix dit qu’il a lu ce récit dans un mémoire. Chrestien Le Clercq donne comme autorité une Madame Couillard alors très âgée. Sagard ne mentionne pas cet incident bien qu’il doive arriver au pays deux ans plus tard, en 1623. Champlain ne raconte pas le fait. Il est pourtant prolixe sur les événements de l’an 1621. Bien plus, l’attaque mentionnée par les autres auteurs se serait produite immédiatement après les négociations de paix qu’il décrit en détail, immédiatement aussi après le départ des députés algonquins en compagnie des deux Iroquois. Ce silence est pour le moins étrange. Est-il possible que les Iroquois qui, à cette date, ne possèdent pas d’armes à feu se soient aventurés aux portes mêmes de Québec ?

Toutefois, certaines phrases indiquent que la paix n’a peut-être pas régné complètement et entre toutes les tribus de 1621 à 1624. Par exemple, en 1623, Sagard descend de son navire à Tadoussac. Il va visiter tout de suite sur la falaise, « un village de Canadiens, fortifié de fortes palissades pour la crainte de leurs ennemis qui tenaient la campagne »[1]. Mais les ennemis sont-ils des Iroquois ? N’est-ce pas

  1. Sagard, Histoire du Canada, p. 150.