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IROQUOISIE

lieux ; et le silence de Sagard qui vient d’arriver de la Huronie et qui a vécu des mois avec le père Le Caron.

Mais ce dernier a écrit une phrase que tous les historiens ont notée, et c’est la suivante : « Je m’étais autrefois voulu entremettre d’une paix entre les Hurons et les Iroquois, pour pouvoir planter le S. Évangile partout, et faciliter les chemins de la traite à plusieurs Nations qui n’y ont point d’accès, mais quelques messieurs de la Société me dirent qu’il n’était pas expédient, et pour cause d’autant que si les Hurons avaient paix avec les Iroquois, les mêmes Iroquois mèneraient les Hurons à la traite des Flamands, et les divertiraient de Québec qui est plus éloigné »[1]. Charlevoix réfléchit cette même pensée, lorsque, lui aussi, il lancera plus tard l’affirmation suivante : « Cette même année M. de Champlain fut averti de bonne part, que les Hurons songeaient à se détacher de notre alliance, et à s’unir avec les Iroquois ; ce qui l’obligea de leur envoyer le P. Joseph Le Caron, que le P. Nicolas Viel, et le Fr. Gabriel Sagard, son confrère, qui venaient d’arriver de France, voulurent bien accompagner »[2].

Ces phrases ont fourni des indices sur les négociations menées par l’Iroquoisie pour détourner vers Albany ou New-York, le courant volumineux des fourrures huronnes, ou pour du moins conclure avec la Huronie une paix qui se négocierait dans le dos des Français.

Dans l’état de New-York, la situation est la suivante. En 1614, la united new netherland company obtient le monopole de la traite ; elle construit Fort Nassau dans la localité où s’élèvera bientôt Fort Orange. Mais son privilège ne court que trois ans. Une seconde période de commerce libre s’ouvre ensuite. En 1623, à l’automne, la dutch west india company obtient à son tour le monopole et fonde en 1624 le célèbre Fort Orange, dans une île, à côté d’une bourgade mohicane.

Durant ces années, le commerce des fourrures ne semble pas avoir été très régulier dans les terres de l’Hudson supérieur, sauf peut-être durant les trois

  1. Sagard, Histoire du Canada, p. 811.
  2. Charlevoix, Histoire et description v. 1, p. 158-9.