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IROQUOISIE

même les Français pourraient-ils fournir leur assistance. Les Mohicans voient que l’occasion est belle de former une ligue puissante contre leurs ennemis ; l’Iroquoisie pourrait être refoulée à l’intérieur du continent et plus amplement affaiblie. Alors ils offrent à leurs visiteurs les bandes de grains de nacre qui symbolisent leurs propositions. Ces derniers pourront les transmettre aux chefs de leurs tribus respectives, le Réconcilié et les autres, afin de les induire à entrer dans la ligue, à dénoncer le traité de 1624, et à déclarer la guerre.

L’offre allèche la Coalition Laurentienne. Dans le cœur des Algonquins, la haine ancestrale jaillit. N’est-ce pas une occasion unique de porter un coup mortel aux tribus iroquoises ? Les colliers sont en conséquence offerts aux chefs montagnais qui prennent sans plus la résolution d’assembler leurs compatriotes, de convoquer les Algonquins et peut-être aussi les Hurons. Ils désirent former le plus tôt possible un gros détachement qui descendrait sur l’Hudson, s’unirait à un parti de guerre mohican pour prendre d’assaut les bourgades iroquoises.

Cependant, l’unanimité ne règne pas chez les Montagnais. Plusieurs d’entre eux ne favorisent ni une rupture avec l’Iroquoisie, ni une guerre dans des régions éloignées. La désunion se fait vite jour. Parmi les partisans de la paix se trouve Mahigan Aticq, l’ami de Champlain, un grand capitaine algonquin. Il ne veut prendre aucune décision sans consulter ce dernier. Il se rend donc à Québec et il lui explique les propositions des Mohicans. Les deux hommes discutent, ils supputent les conséquences d’une destruction des Iroquois.

Champlain n’hésite pas. Il ne saurait tolérer les négociations qui se poursuivent malgré le traité existant. Maintenir la paix à tout prix, voilà la décision qu’il prend. Il est atterré du fait que le Réconcilié et d’autres capitaines ont déjà accepté les présents des Mohicans : les accepter, c’est en même temps souscrire aux propositions dont ils sont le symbole. Ainsi le veut la diplomatie indienne. Comment a-t-on