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— Allons donc, c’est une bouffonnerie que vous nous débitez là !

La Reine est-elle responsable de ses décisions, ou de l’exercice de sa prérogative ?

— Non.

— Qui est donc responsable ?

— Son Ministre, évidemment !

C’est donc au Ministre que s’adresse la rebuffade et non à la Reine.

Puisque la Reine ne peut rien faire sans conseil, ce sont évidemment ses Ministres qui lui ont fait choisir Ottawa. En refusant d’accepter Ottawa, nous ne faisons donc rien autre chose que dire à la Reine : « Vos Ministres vous ont mal conseillé. » Ce sont les Ministres seuls qui reçoivent le soufflet puisqu’eux seuls ont pu commettre la faute. À eux de donner des avis acceptables. Ceci est élémentaire. L’Hon. M. McDonald ne pensait donc pas un mot de ce qu’il disait quand il arguait d’insulte à sa Majesté. Mais quand l’Hon. Monsieur pense-t-il ce qu’il dit ?

D’ailleurs, le ministère actuel, composé des mêmes hommes à peu près que l’autre, vient de déclarer qu’il abandonnait cette question à l’action de la Législature. C’est tout simplement une nouvelle intrigue, une nouvelle malhonnêteté ; une dernière lâcheté ! Des hommes honorables feraient de cette question une question de cabinet. C’est leur devoir, c’est la seule tactique que le bon sens indique ! On ne le fait pas uniquement parce qu’on tient plus à sa place qu’à son honneur comme homme public.

Mais pourquoi donc n’y a-t-il plus d’insulte à la reine, maintenant ?

Pourquoi donc, sans changer de personnel, change-t-on diamétralement d’opinion ?

— Est-ce que le nom du premier ministre Cartier couvre l’insulte à la Reine, comme le pavillon couvre la marchandise ? D’ailleurs, que signifient ces reproches d’insulte faite à la Reine par les hommes même qui ont fait si peu de cas de leur propre insulte au peuple du pays, quand ils déclaraient que nous ne pouvions pas régler ici cette question purement locale ?