Page:Dessaulles - Galilée, ses travaux scientifiques et sa condamnation, 1856.djvu/15

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peut se faire aucune idée. Ils publièrent de nombreux écrits dans lesquels ils maintenaient, par des raisonnements merveilleux de bêtise et d’ignorance, la prétention que c’était uniquement la figure d’un corps qui le faisait flotter ; quelques uns traitaient Galilée de fou, de visionnaire, d’orgueilleux, d’imposteur, de sorcier, d’hérétique, de précurseur de l’Ante-Christ, de suppôt de Satan, de géomètre du Diable… Voilà les adversaires contre lesquels l’illustre savant eut à lutter presque toute sa vie. Cette fois, néanmoins, il chargea du soin de leur répondre le père Castelli, moine de l’ordre du Mont-Cassin, homme éminent de cette époque et d’un savoir étendu.

Galilée avait, fort jeune encore, adopté le système de Copernic sur le mouvement de la terre ; mais il avait toujours hésité à le soutenir publiquement, ne se sentant pas encore assez d’influence et de réputation pour braver les préjugés et le ridicule dont on avait partout essayé de couvrir l’illustre prêtre Polonais. Néanmoins il n’avait jamais manqué, dans ses conversations avec ses amis ou ses élèves, de leur présenter le système de Copernic comme le seul qui fût vrai et rationnel. Ce fut vers l’année 1612 qu’il donna plus de publicité à ses idées là dessus, et qu’il commença d’essayer de reformer l’opinion générale.

Alors on croyait universellement à l’immobilité absolue de la terre, que l’on croyait être le centre du monde. On s’appuyait, pour soutenir cette doctrine, sur quelques passages de la Bible. Au fond, comme Galilée le démontra, et comme on le reconnaît aujourd’hui partout et même à Rome, ces passages ne prouvaient rien contre le système de Copernic : on les prenait trop à la lettre et on les interprétait mal, voilà tout. Mais du moment que Galilée voulut essayer de faire comprendre cette erreur d’interprétation et y substituer son interprétation propre qui était la véritable, il n’y eut qu’un cri général de réprobation parmi les moines contre ce laïque téméraire qui s’arrogeait le droit d’interpréter l’Évangile, et qui osait prétendre qu’avant lui le clergé, seul juge en pareille matière, l’avait mal interprété. Cette tactique eût son effet, et, sauf quelques brillantes exceptions, tout le clergé des États Romains et de la Toscane se prononça contre lui. Ses plus ardents adversaires furent les Dominicains et les Jésuites.