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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/24

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VIII

Discrétion


« Ayant un secret à confier, mais là, un vrai grand secret, le diriez-vous à un homme plutôt qu’à une femme ? » — Je ne le dirais à personne, madame, c’est le seul moyen de le garder. Puisqu’il vient un moment, où vous qui avez tout intérêt à vous taire, éprouvez le vif désir de dire ce secret, assurez-vous bien que le confident ou la confidente auront la même tentation. Il est possible qu’ils y résistent, cela s’est vu ! Mais il est probable qu’ils parleront, avec injonction sévère de ne jamais souffler mot de votre secret. La promesse leur en sera faite, avec autant de sincérité qu’ils en avaient quand vous leur faisiez jurer d’être discrets, mais « la chair est faible » et ce deuxième confident en prendra un à son tour. Et voilà votre secret en route ! Il peut aller très loin et vous revenir par des chemins détournés, au moment où il vous suscitera bien des embarras. Et je ne parle pas des transformations qu’il aura subies !

Quant à comparer la discrétion des hommes à celle des femmes et à me prononcer en faveur des uns ou des autres, je ne voudrais pas le faire : les personnes très discrètes sont rares. J’ai ouï parler d’un homme qui avait fait sa fortune parce qu’il avait toujours su se taire à propos, et je connais une femme si discrète qu’elle s’applique à