Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/149

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Après trente-six heures, il survient autre chose qui se discute avec la même effervescence. Et de janvier à décembre, les potins vivent et meurent mais rarement sans laisser de traces. On a connaissance de rares accalmies pendant lesquelles, hélas ! il ne se passe rien. Rien… on interroge, on regarde, on flaire, rien…

Imaginez de quel élan éperdu l’on se jette sur le premier indice d’une nouvelle possible. C’est pendant ces mortes-saisons, peut-être, que l’on combine les mariages : les vraisemblables deviennent probables dès qu’une personne d’imagination a accolé deux noms. Du probable au certain, il n’y a qu’un pas, vous savez, et de là à fixer la date de la bénédiction, un tout petit bond que l’on fait allègrement, à l’ahurissement des deux intéressés, qui ne peuvent que rire de l’invention sans pouvoir remercier l’inventeur qui s’appelle « tout le monde ». Chacun y a mis son mot, sa remarque, un clignement d’yeux, un sourire entendu, et les coupables sont insaisissables. C’est un peu ennuyeux, paraît-il, mais l’on s’y fait, comme à la poussière et à la pluie.


LIII

L’instinct


L’instinct féminin est un don incomparable et qui nous rend de fameux services. Si j’étais un homme, je dirais que cet instinct