Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/21

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ressemblaient à des étoiles ; hélas ! maintenant, attiré par la Robe Noire, ensorcelé par une chose qu’il feuillette en marmottant, il n’a plus pour elle ni regards, ni sourires.

La Robe Noire lui a jeté un sort : il n’a même pas suivi les chasseurs, cette année, il reste à la bourgade, comme une femme ! Ces odieux petits signes noirs sur les feuilles blanches, ont-ils donc le pouvoir de l’empêcher de voir que les yeux de son amie sont toujours beaux et que son cœur est rempli d’amour ? Reprise par son grand chagrin, lasse de sa course folle, elle se laisse glisser sur la mousse, et désolée, elle regarde le ciel où, une à une, les étoiles s’allument. Mais, comment n’y a-t-elle pas songé, encore ! Elle interrogera les esprits, ils lui diront, eux, ce qu’il faut faire pour reprendre la pensée de son ami !

Et dans le sentier sauvage, elle attend le passage des âmes pour les questionner. Car tout le monde sait que la voie lactée, appelée par les Hurons le « Chemin des Âmes », est la route suivie par les esprits des morts se rendant à leur dernier repos, là-bas, très loin, où le soleil se couche.

… Enfin paraît dans l’azur profond la voie blanche où les étoiles innombrables brillent de plus en plus attirantes. Petite Lumière de la terre interroge, anxieuse, les petites lumières du ciel, âmes d’ancêtres qu’elle appelle à son secours. Soufflent-ils de l’espoir dans le cœur de l’enfant désolée ? Qui peut savoir… mais voici qu’un bruit