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le chemin de Dieu, mais cette fois elle le sait, car elle a marché jusqu’à Lui à travers ses épreuves et Il a eu pitié de sa détresse. Elle a enfin compris : tout est bien : ce qui fut et ce qui sera. Une grande lumière éclaire la route, elle y marche désormais sereine et forte.


XI

Les ailes inutiles


J’allai hier chez un marchand d’oiseaux, un vieux monsieur qui me fit les honneurs de ses volières comme s’il m’eût reçu chez lui. Parmi les plantes vertes des deux salles inondées de soleil, toutes les cages, alignées de chaque côté des allées, ressemblaient aux maisons d’un village minuscule où les pignons dorés voisinaient avec d’humbles petites cabanes à barreaux de bois. Et tout cela était rempli d’oiseaux de toutes les couleurs, gracieux, vifs, jolis comme des bijoux.

L’impression était-elle en moi, ou me vint-elle d’eux ? Ils me parurent tristes… tristes comme tout ce qui est emprisonné. Avoir des ailes et vivre entre des barreaux, voilà une angoisse que comprennent beaucoup d’humains.

En plaignant les oiseaux, j’ai pensé à toutes les choses prisonnières dans les âmes. Pensées captives, sentiments cachés, confidences retenues, émotions déguisées, tout ce qui palpite dans une âme, la fait vivante