Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/18

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n’avait pas au moins essayé de décrire sa faculté de penser. Je ne prononcerai pas que cette partie de son ouvrage n’est point digne de son illustre auteur ; mais j’oserai assurer que c’est celle qui satisfait le moins le lecteur attentif et l’observateur scrupuleux. Il ne faut pas s’en étonner, puisque de tous les sujets qu’il a traités, c’est celui qui avait été le moins étudié avant lui. Et cela encore devait être. L’homme par sa nature tend toujours au résultat le plus prochain et le plus pressant. Il pense d’abord à ses besoins, ensuite à ses plaisirs. Il s’occupe d’agriculture, de médecine, de guerre, de politique-pratique, puis de poésie et d’arts, avant que de songer à la philosophie : et lorsqu’il fait un retour sur lui-même et qu’il commence à réfléchir, il prescrit des règles à son jugement, c’est la logique ; à ses discours, c’est la grammaire ; à ses desirs, c’est ce qu’il appelle morale. Il se croit alors au som-