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de nouveau ; mais lorsque ce mouvement, que nous sentons, que nous voudrions continuer, est arrêté, nous découvrons certainement qu’il existe autre chose que notre vertu sentante. Ce quelque chose c’est notre corps, ce sont les corps environnans, c’est l’univers et tout ce qui le compose.

Sans doute nous ne savons pas d’abord ce que c’est ; nous ne distinguons dans le principe, ni les corps étrangers à nous, ni notre propre corps ; mais enfin nous sommes assurés que nous existons, et que quelque chose existe qui n’est pas nous. Cette certitude est comprise dans le sentiment même de résistance.

La propriété de résister à notre volonté est donc la base de tout ce que nous apprenons à connaître ; et nous ne la découvrons que par les effets qui suivent notre volonté, par nos mouvemens. Cette propriété est la force d’inertie des corps, qui n’a lieu et ne se découvre que par leur mobilité.

Si la matière avait pu exister parfaitement immobile, nous n’aurions rien senti ; et quand nous aurions senti, nous n’aurions pas agi, nous n’aurions connu que notre sentiment. Si la matière avait pu être par-