Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/264

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que rien au monde ne devrait être plus aisé, sinon de connaître les causes de la pensée, du moins d’en observer les effets ; il paraît que là il n’y a pas même possibilité à l’erreur : car de quoi s’agit-il pour chacun de nous ? de se rendre compte de ce qu’il fait tous les jours, à tous les momens ; d’en examiner les détails, de s’en tracer un tableau fidèle. Il n’est question de rien combiner, de rien inventer, encore moins de rien supposer. Il n’y a que des faits à recueillir, et ces faits se passent en nous ; chacun est pour lui-même le champ le plus riche en observations et le sujet de ses expériences les plus instructives ; enfin tout consiste à savoir ce que l’on sent. Qui pourrait jamais croire, s’il n’y était forcé par l’expérience de tous les siècles et par la sienne propre, que ce soit là une entreprise dans laquelle aient échoué les meilleurs esprits ? Cependant non-seulement la difficulté d’y réussir n’est que trop certaine, mais même elle est telle, qu’il faut déjà être fort avancé pour voir nettement en quoi elle consiste. Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent a pu nous mettre sur la voie, mais ne suffit pas pour bien éclaircir l’état de la question ; il faut