Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/443

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cession de nos sensations, suffit pour nous donner l’idée de la durée ; mais si nous ne connaissions rien autre chose, nous n’aurions aucun moyen de la mesurer. Nous ne pourrions avoir l’idée de temps, qui est celle d’une durée mesurée.

Pour former celle-ci, il faut connaître le mouvement et l’étendue ; car nous ne mesurons la durée que par le moyen du mouvement, lequel est représenté par l’étendue ; et ensuite la durée et l’étendue combinées nous servent à mesurer le mouvement lui-même. Nous allons voir dans le chapitre suivant comment cela se fait.

CHAPITRE X.
Continuation du précédent. De la Mesure des propriétés des Corps.

Mesurer une quantité quelconque, ce n’est autre chose que la comparer à une quantité connue d’avance qui sert d’unité, de terme de comparaison ; c’est voir combien de fois elle renferme cette unité.

Pour cela, il faut premièrement que cette unité soit de même nature que la quantité qu’on lui compare. On ne peut mesurer des mètres par des francs ni des francs par des grammes ; car des mètres ne renferment pas des francs ni des francs des grammes.

Secondement, il faut que cette unité soit déterminée d’une manière précise et constante ; car si le terme de comparaison était incertain ou variable, tout calcul serait hypothétique et vague.

Il suit de là qu’aucune quantité n’est mesurable qu’à proportion qu’elle est susceptible de divisions nettes et durables.