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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/458

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CHAPITRE XVII.
Continuation du précédent. Des autres effets des Signes.

Il suit de ce qui précède, non pas que nous ne pouvons pas avoir d’idées sans signes, car il est bien évident que l’idée doit précéder le signe institué pour la représenter ; mais qu’à mesure que nous faisons de nouvelles combinaisons de nos idées, le nombre de nos signes augmente, et que plus ils expriment de nuances délicates, plus nos analyses deviennent fines et parfaites.

Les signes ont aussi la propriété d’accroître beaucoup les effets bons et mauvais qui résultent en nous de la fréquente répétition des mêmes opérations intellectuelles.

Tels sont leurs avantages et leurs inconvéniens principaux comme moyens de former nos idées.

Comme moyens de communiquer ces idées, ils ont beaucoup d’autres effets que je ne rappellerai ici que sommairement.

Il est manifeste que nous leur devons toutes nos relations sociales et la possibilité de jouir de toutes les connaissances acquises par nos semblables ; mais il ne l’est pas moins que ces connaissances nous arrivent souvent bien indigestes et bien désordonnées.

Il est encore certain qu’apprenant le plus souvent les signes avant de connaître par nous-mêmes les élémens des idées qu’ils représentent, nous composons d’abord ces idées d’une manière incomplète ou fausse ; que, dans un autre temps, nous perdons souvent de vue quelques uns des élémens que nous y avons fait entrer avec raison, et qu’enfin nous ne sommes jamais