Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/65

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Elle ne se manifeste pas de même dans les végétaux ; mais aucun de nous ne pourrait affirmer qu’elle n’y existe pas, ni même dans les minéraux ; personne ne peut être certain qu’une plante n’éprouve pas une vraie douleur quand la nourriture lui manque, ou quand on l’ébranche ; ni que les particules d’un acide, que nous voyons toujours disposées à s’unir à celles d’un alkali, n’éprouvent pas un sentiment agréable dans cette combinaison. Je ne veux point par cette observation vous induire à supposer la sensibilité par tout où elle ne paraît pas ; car, en bonne philosophie, il ne faut jamais rien supposer ; mais je sais que nous sommes dans une ignorance complète à cet égard. Quant aux motifs que nous aurions de former une conjecture plutôt qu’une autre sur ce point, ils ne sont pas de mon sujet ; je les passe sous silence.

Si nous ignorons l’énergie et les limites de la sensibilité dans tout ce qui n’est pas nous, du moins nous savons un peu mieux par quels organes elle agit en nous. Je n’entrerai point ici dans des détails physiologiques ; on a dû déjà vous donner une idée générale de notre organisation, et vous en