Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/103

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autre. Cela est si vrai, que le même verbe, suivant la manière de l’employer, peut paraître successivement appartenir à chacune de ces divisions arbitraires. Car si je dis, je souffre, je ne peins réellement qu’un état ; si je dis, je souffre une grande douleur, je parais exprimer une espèce d’action qui consiste à éprouver, à ressentir une grande douleur ; et si je dis, je souffre de ma blessure, je semble représenter une affection, une passion, une impression que je reçois de ma blessure. Mais tout cela est fort inutile à distinguer.

La seule différence utile à remarquer dans les verbes, est celle-ci. C’est celle qui consiste à être composé d’un ou de plusieurs mots. En effet, à l’origine du verbe, lorsqu’il naît, pour ainsi dire, de l’interjection, par la seule cause que l’on sépare de celle-ci le sujet de la proposition, et qu’on la restreint à ne plus exprimer que l’attribut ; à cette époque, dis-je, les verbes sont tous composés d’un seul signe ; mais d’un signe qui renferme deux idées, savoir, l’idée générale d’existence, et l’idée particulière d’une certaine espèce d’existence, et qui représente ces deux idées sous forme attributive. Ensuite, le besoin d’exprimer