Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/123

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appelle régime, comme nous l’avons déjà observé, il n’en est pas de même des noms et des adjectifs.

Beaucoup des uns et des autres expriment des idées, qui ont tantôt un sens absolu, tantôt un sens relatif, c’est-à-dire, un sens qui indique le besoin de leur adjoindre le nom d’une autre idée, pour former ensemble une idée complète. Par exemple, on peut bien dire, un bon fruit est une bonne chose, et le sens est complet ; mais on peut vouloir dire, le fruit de tel arbre est bon à telle chose, et n’avoir pas un nom pour dire d’un seul mot le fruit de tel arbre, ni un adjectif pour dire d’un seul mot bon à telle chose en particulier.

pour rendre ces deux idées, il faut donc avoir un moyen de lier le nom de cet arbre au mot fruit,

et le nom de cette chose au mot bon. ce besoin a dû se faire sentir de très-bonne heure, lors de l’origine du langage, et suivre immédiatement l’invention des premiers noms et des premiers adjectifs.

Il y a des langues qui remplissent jusqu’à un certain point cet objet, comme elles marquent les genres et les nombres, par le moyen de ce qu’on appelle les déclinaisons ; c’est-à-dire, que par certains changemens