Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/275

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ne peut point établir ici des vérités universelles. J’ai déjà indiqué cette observation, dans les chapitres 16 et 17 des élémens d’idéologie, et j’ai annoncé que je la développerais davantage, quand je parlerais de l’écriture et de l’ortographe. C’est ici le lieu de remplir cet engagement : mais, pour y réussir, il faut encore nous reporter un moment à l’origine du langage.

Tous les hommes, je dirai plus, tous les êtres animés parlent naturellement le langage d’action ; ou plutôt leurs actions parlent pour eux, sans qu’ils le veuillent : et manifestent leurs pensées à tous les êtres organisés à-peu-près de même, qui voyant que quand ils ressentent certaines affections, ils font certaines actions, en concluent que leurs semblables, quand ils font les mêmes actions, éprouvent les mêmes affections. De cette observation que chacun fait de son côté, il résulte bientôt que tous les individus, sur-tout dans la race humaine, font ces mêmes actions, non plus seulement pour les faire et pour l’effet immédiat qui en résulte, mais pour manifester ce qu’ils pensent. Alors ces actions, de signes naturels involontaires, deviennent signes volontaires