Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/292

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généralement répandus et marqués au coin de la perfection, doit éprouver de fréquens changemens ; par conséquent leurs rapports ont perpétuellement varié : or rien ne le constate. Car la langue parlée n’est nulle part écrite par elle-même ; ainsi personne ne sait ce qu’elle a été : et la signification de la langue écrite n’est jamais manifestée que par les signes vocaux, tels qu’ils sont au moment et dans les lieux où l’on s’en sert pour la traduire en la lisant ; ainsi, on ne sait pas non plus ce qu’elle était, ni à quoi elle répondait, quand l’écrit a été fait. Donc, d’une part on n’a nulle trace de ce qu’a été la langue parlée dans les tems antérieurs ; et un chinois, un japonnois peuvent à peine savoir comment parlait leur bisayeul. Et de l’autre, quand on voit dans la langue écrite un signe tombé en désuétude, ce n’est que par tradition, ou par des conjectures plus ou moins heureuses, que l’on peut savoir s’il répondait à un mot ou à une locution